TRAN BA VANG Nicole
NICOLE TRAN BA VANG
PHOTOGRAPHE
Texte de Michel Nuridsany (français)
Édité par les éditions rueVisconti, 2011
64 pages
Format : 22,3 x 16,5 cm
ÉDITION COURANTE
La photographie, Nicole Tran Ba Vang s'en fout. Et elle a raison. Elle s'en fout comme s'en foutent les artistes pour qui cette technique, cette pratique n'est rien que le moyen de matérialiser un rêve, une vision. ... Angelin Preljocaj : quelqu'un qui s'exprime avec ses bras, son torse, sa tête, jetant sa jambe en avant, allongeant le pas, cambrant le pied, fermant, ouvrant ses mains, courbant le cou, sautant, rampant, portant son ou sa partenaire, les accompagnant dans l'allongement de leurs bonds. Le corps, celui-là sait plus que quiconque ce que c'est : son outil de travail. Angelin Preljocaj, donc. ... Son modèle, Nicole Tran Ba Vang le fait poser avec un vêtement, un pull. Elle lui demande d'imaginer que c'est sa peau. Il tire dessus, arrondit le vêtement, le froisse, le tourmente, s'amuse avec, comme un enfant qui s'autoriserait, là, ce que lui interdisent, d'ordinaire, ses parents. ... Tout cela, ces éléments, ces détails vont permettre à Nicole Tran Ba Vang de tendre, de plier, au delà du possible, mais en toute vraisemblance, la peau, les chairs, les muscles du modèle, accompagnés des veines, des tendons, des rides, des plis qui vont avec et qui lui permettront d'acquérir la crédibilité nécessaire. Nicole Tran Ba Vang va "peindre", en quelque sorte, le corps que vous voyez là, qui vivra, alors, selon ses désirs, sa vie énergumène. ... Elle invente la réalité telle que la rêve un danseur, quelqu'un qui, par le saut, diverses torsions et mouvements, plie le corps à sa vision.
Michel Nuridsany (extrait de "Le temps ouaté des rêves")