COLLECTIF

Extraits du communiqué distribué après la manifestation le 6 et 7 mai 1969 :

Depuis Mai dernier, la société française tente à nouveau, pour retrouver son activité régulatrice, de substituer l'adaptation à la contestation. Les forces d'oppression se réorganisent derrière le masque de sépia du libéralisme ; elles s'ingénient à récupérer par de misérables tours de bonneteau l'espoir du devenir humain.

Les 6 et 7 mai au Vieux-Colombier nos "36 heures de poésie permanente", réduites à 14 heures par la conjugaison de forces répressives, voulaient provoquer "la liberté de tout dire" hors des ghettos culturels et au mépris des accusations de confusionnisme. "Chacun est libre de dire et d'écrire ce qui lui convient, affirmait Lénine en 1905, la liberté de parole et de presse doit être complète". Toute autre conception envisagée ne pouvait être pour nous, dans le cas présent, que réactionnaire, à la limite, restrictive.

[...]

Le problème fondamental, hors de toute pétition de principe, demeure la résolution de la liberté dans son rapport avec le Socialisme. "La poésie doit être entendue par tous" reste pour nous la contre-partie indispensable de "la poésie doit être faite par tous" et il nous paraît essentiel de nous interroger dès aujourd'hui sur l'attitude du poète face à l'héritage culturel d'une part et à l'action révolutionnaire d'autre part. "Liberté de Parole" se prolongera par un certain nombre d'actions poétiques dans des lieux particuliers et dont les itinéraires stricts ne seront révélés qu'au dernier moment. Par ailleurs, un numéro spécial des "cahiers noirs du soleil" rouvrira et élargira, 35 ans après Léon Trotsky, le débat sur "littérature et révolution".

le comité d'organisation, mai 1969

LIBERTE DE PAROLE - Editions du Soleil Noir - 6, rue des Filles du Calvaire, Paris 5e